Nouvelle année, Nouvelle(s) résolution(s)
Dans les concepts de la culture indienne propres au yoga et à l’ayurveda, on apprend à reconnaître notre constitution individuelle que l’on nomme “Prakrtti” en sanskrit. (Les détails de ce sujet feront l’objet d’un article ultérieurement)
Cette constitution se traduit par l’empreinte d’une énergie ou d’une combinaison énergétique qui influence notre caractère et notre tempérament.
Ceci est valable à l’échelle individuelle mais l’est aussi à l’échelle d’un foyer, d’une communauté, d’une province ou d’une région, d’un pays ou d’une nation, voire d’une ou plusieurs civilisations.
La particularité de la civilisation occidentale est à mon sens influencée majoritairement par l’énergie du mouvement, c’est-à-dire en relation avec l’élément “air”. Ce type d’énergie ne supporte pas bien les temps de suspension, les “vides”.
Il y a donc un besoin constant de remplir notamment le silence. Ceci nous amène à développer et à rechercher trop fréquemment une activité ou une satisfaction extérieure, soit pour combler un déficit, soit par peur du silence et par extension, de soi.
Éprouver le contentement (Samtosha en sanskrit) et se réapproprier sa valeur serait une merveilleuse résolution pour cette nouvelle année à venir.
Pourquoi ne pas commencer cette nouvelle année dans le calme ?
Nous parlons beaucoup de problèmes environnementaux et écologiques liés aux pollutions des sols et de l’air par les pesticides et les divers gaz.
Avez-vous déjà songé à la pollution sonore ? Celle-là même qui nous inonde dès la sonnerie du réveil (si vous utilisez cet objet), et même parfois durant la nuit.
Au milieu du 20ème siècle, le bruit s’est immiscé dans notre vie quotidienne, nous séparant de cet état naturel du silence. Je vous partage ici plusieurs extraits d’un livre intitulé “Du silence” de David Le Breton :
“De nouveaux bruits ont pénétré les appartements avec la radio, la télévision, les instruments ménagers, le téléphone, le portable, le fax, les chaines hi-fi, etc .… […]. Dans les villes, les bruits s’enchevêtrent et accompagnent de leur constance la marche du citadin.”
D’après Jacques Brosse, historien des religions et philosophe français et pratiquant du bouddhisme zen, décédé en 2008, “La richesse se mesure maintenant aux sources de bruits, à la gamme de bruits dont un particulier dispose” (1965).
Revenons à quelques extraits de l’exposé de David Le Breton :
“Nos sociétés ajoutent de nouvelles sources sonores avec les musiques d’ambiance dans les magasins, les cafés, les restaurants, les aéroports, etc …comme s’il fallait noyer le silence des lieux où la parole s’échange à l’intérieur d’un bassin permanent de bruits que nul n’écoute, qui indispose parfois, mais dont l’intérêt est de distiller un message sécurisant. Antidote à la peur diffuse de n’avoir rien à dire [.…]”
La notion de contentement à laquelle je me réfère pour le nouvel an à venir, serait de réduire nos pseudos besoins sonores (musique à plein régime, feux d’artifices détonants, hurlements et autres cacophonies) pour retrouver le véritable sentiment de joie dans sa simplicité et non plus dans l’euphorie d’une décharge émotionnelle et psychologique.
Je fais à nouveau appel à un extrait de David Le Breton :
“La qualité de présence dispense de toute parole superflue, mais elle confère aussi un sentiment renouvelé de vivre, elle est dispensatrice de sens. Elle invite à trouver sa place en habitant une parole sobre et un silence qui laissent miroiter la plénitude des significations possibles.”
Rejoignons là l’idée de Pierre Rabhi, celle de la “sobriété heureuse”.
Ce passage vers la nouvelle année dans la simplicité, le respect et les joies modérées serait empreint de l’intention d’un réel changement, d’une évolution des habitudes destructrices que nous entretenons plus ou moins consciemment pour déployer la réelle possibilité de gagner en maturité et en sagesse.
Célébrons cette nouvelle année à venir en nous reliant aux besoins fondamentaux de notre condition humaine et à la Nature.
Om Shanti shanti shanti.
P.S : un mot sur l’illustration qui accompagne ce blog qui est tirée de la Bhagavata Purana, texte faisant parti d’une sorte d’encyclopédie dont la datation de sa rédaction reste floue (entre le 4ème s. av. JC et le 10ème s. ap. JC).
Vishnu, dieu conservateur de l’Univers, se repose sur le serpent à plusieurs têtes pour préparer le prochain cycle de vie.
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